Il est difficile d'être un dieu by Arkadi et Boris Strougatski

Il est difficile d'être un dieu by Arkadi et Boris Strougatski

Auteur:Arkadi et Boris Strougatski [Strougatski, Arkadi et Boris]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2207260380
Publié: 1964-01-04T23:00:00+00:00


5

Il n’y avait pas si longtemps, la cour des rois d’Arkanar était l’une des plus éclairées de l’Empire. Elle accueillait des savants, dont la plupart étaient des charlatans bien sûr, mais il y en avait d’autres comme Baguir de Kissen, par exemple, qui avaient découvert la sphéricité de la planète ; Tata, guérisseur royal, qui avait émis l’hypothèse géniale d’un lien entre l’apparition d’épidémies et l’existence de petits vers invisibles à l’œil nu et portés par le vent et l’eau ; l’alchimiste Sinda qui cherchait, comme tous les alchimistes, le moyen de transformer l’argile en or, et qui trouva la loi de la conservation de la matière. Il y avait à la cour d’Arkanar des poètes, pique-assiette et flatteurs pour la plupart, mais d’autres aussi, comme Pépin le Glorieux, auteur d’une tragédie historique, La Campagne au nord ; Tsouren le Juste qui avait écrit plus de cinq cents ballades et sonnets mis en musique dans le peuple ; Gour le Compositeur, auteur du premier roman profane de l’Empire, la triste histoire d’un prince amoureux d’une belle Barbare. Il y avait de magnifiques artistes, des danseurs, des chanteurs. De remarquables peintres couvraient les murs de fresques impérissables, de grands sculpteurs décoraient les parcs du palais. On n’aurait su dire que les rois d’Arkanar fussent de fervents adeptes des lumières ou des amateurs d’art éclairés. Simplement, c’était un signe de bon ton, comme la cérémonie de l’habillage matinal ou les somptueux officiers de la Garde à l’entrée du palais. La tolérance aristocratique allait parfois jusqu’à admettre que certains savants et poètes devinssent d’importants rouages de la machine d’État. Ainsi, il y avait de cela une cinquantaine d’années, le grand alchimiste Botsa, qui avait occupé le poste, maintenant supprimé pour inutilité, de ministre du Sous-Sol, avait mis en exploitation plusieurs mines, et fait la gloire d’Arkanar par d’étonnants alliages, dont le secret avait été perdu après sa mort. Pépin le Glorieux avait eu la haute main sur l’Instruction publique jusqu’à ce que le ministère d’Histoire et de Littérature ait été déclaré nuisible et pernicieux pour les esprits.

Il était déjà arrivé, bien sûr, qu’un peintre ou un savant, ayant eu le malheur de déplaire à la favorite royale, personne obtuse et sensuelle, ait été vendu à l’étranger ou empoisonné à l’arsenic, mais seul don Reba avait sérieusement pris les choses en main. Depuis qu’il occupait le poste du tout-puissant ministre de la Sûreté de la couronne, il avait causé dans le monde de la culture de telles dévastations qu’il avait mécontenté certains grands seigneurs, qui avaient décrété que la cour était devenue ennuyeuse et que pendant les bals on n’entendait rien d’autre que de stupides ragots.

Baguir de Kissen, accusé de folie confinant au crime d’État avait été jeté en prison, délivré à grand-peine par Roumata et conduit dans la métropole. Son observatoire avait brûlé, ses disciples réchappés s’étaient dispersés. Tata et cinq autres guérisseurs royaux étaient un beau jour devenus des empoisonneurs, complotant contre la personne du roi à l’instigation du duc d’Iroukan. Tata avait tout avoué sous la torture et avait été pendu sur la place Royale.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.